Titre : Guinevere, La Dame Blanche
Auteur : Jean-Louis Fetjaine
Editeur : Fleuve Editions
Date de Parution : 13 Février 2014
- Résumé :
Le royaume Arthurien sombre peu à peu et le petit peuple tend à disparaître. Les elfes se fondent dans la forêt, semant la terreur au cœur des hommes et ces derniers sont légions, destinés à se croire surpuissants. Mais voilà que les hordes de monstres, orcs, gobelins et loups que l’on croyait disparu reviennent à nouveau.
Et au beau milieu de la Table Ronde, l’amitié se délite. Le mariage du roi Arthur à la jeune et blanche Guinevere y serait-il pour quelque chose ?
La guerre, les complots et les trahisons auront-ils raison du royaume ?
- Avis :
Le prologue m’a littéralement conquise et je me suis laissée emporter par les mots, par le charnier découvert par Merlin et par ce qui est plus une fin qu’un début en vérité. Qui finit abruptement et qui ne trouvera son point final qu’à l’épilogue justement. Le roman ne nous ment pas et on le sait dès ce prologue : c’est la fin du Royaume Arthurien qui va nous être contée ici. Mais une fin différente de celle que nous connaissons. Une fin moins humaine et plus « féerique ».
On retrouve ici l’univers de Fetjaine et ses elfes. Au début du roman, l’histoire touche à sa fin et, pour les amoureux de la Légende Arthurienne, dont je fais partie, il s’agit donc d’en lire une nouvelle variation. Avec cette fois-ci une Guinevere au cœur des trahisons et des luttes de pouvoir, actrice et non plus uniquement spectatrice comme elle l’est bien souvent.
Si certains détails m’ont parfois fait tiquer, j’ai lu assez de versions pour ne plus être obsédée par une « vérité » et je dois avouer que l’écriture de M. Fetjaine est particulièrement agréable à lire. On se laisse entraîner par sa vision de l’histoire et on suit l’évolution de ses personnages, si différents ou si semblables de leurs alter ego rencontrés ici ou là.
J’ai été frappée par la tristesse qui ressort de chaque page. Comme si tout était déjà terminé avant même de tourner la première page. C’est peut-être pour cette raison que l’intrigue commence par la fin pour y retourner ensuite et y mettre un terme. Les personnages vont vers leur chute, inconsciemment ou au contraire parfaitement conscients d’eux-mêmes et de leur destinée. Mais l’inéluctabilité du désagrégement du Royaume Arthurien est présente à chaque instant, ne laissant pas le lecteur oublier que ce roman n’aura pas de jolie fin. Ce sera la guerre et la mort. Pour qui ou pour quoi ? Voilà les questions que le roman pose et auxquelles il répond.
La magie est à l’œuvre entre les lignes et le temps se suspend alors que la Table ronde se délite. Peu à peu, nous voyons la suspicion ronger l’amitié et les femmes exercer leur pouvoir. Guinevere est ici une jeune femme promise à un grand roi dont la destinée va être bouleversée par sa rencontre avec Méléagant et avec sa vraie nature. Elle n’aspire qu’à grandir et à devenir plus que ce qu’elle est, à devenir celle qui tire les ficelles et non plus celle qui subit. Elle veut devenir la reine du jeu d’échec et ne plus être le pion. Malgré tout, j’ai regretté qu’elle reste si effacée. Je m’attendais à la voir plus présente mais elle reste une enfant sur beaucoup de points. Son absence d’émotion reste son gros point faible, même s’il est finalement expliqué lors de l’épilogue. De manière assez jolie d’ailleurs.
Un roman qui m’aura beaucoup plu dans l’ensemble, empli de tristesse et de poésie. Une nouvelle version très belle de la fin du Royaume Arthurien.
« Triste destin que celui des hommes, condamnés à mener une vie si courte. Peut-être était-ce pour cela qu’ils étaient si pressés… »